2023 L’étendue

Exposition au Musée des Beaux-Arts de Rouen.
Dans le cadre de La Ronde 7. Septembre 2023- Mars 2024.
Commissaire: Florence Calame-Levert

Installation comprenant, encre sur papier, aimants, structure de métal, plaque d’aluminium, papiers pliés et la pièce Le berceau, photographie argentique enfermée dans du plâtre d’eau des Marais Salants.

Natalia Jaime-Cortez entretient avec le(s) fleuve(s) un long compagnonnage.
Au début des années 2000, elle voyage en Syrie et en rapporte une photographie réalisée au bord de l’Euphrate. Depuis la berge, la jeune artiste assiste à ce vertigineux précipité, là où se mêlent la trivialité du quotidien – celle de l’usage d’un fleuve – et la toute puissance d’une civilisation. Comme le suggère Le Berceau, œuvre présentée ici, tirée de la photographie originelle, ce voyage se révèlera initiatique.
Avec la série 72% de Terre est recouvert d’eau , débuté en 2020, il est encore question d’ailleurs et de cours d’eau, d’immersion et de captation. A des ami.e.s en partance aux quatre coins du monde, l’artiste confie le soin de se rendre au bord d’une eau vive afin d’y plonger les papiers pliés qu’elle leur à remis. Ils les lui rapporteront gorgés d’eau. Natalia Jaime-Cortez œuvre ainsi en « paysagiste » : selon ses propres mots, ces gestes consistent à « absorber le paysage ».

L’humble posture de la lavandière,  est aussi celle que l’artiste adopte lors de performances. S’accroupir, se mettre à genoux sur la berge, puiser l’eau du fleuve, mettre en exergue le labeur des femmes, et en faire œuvre. Les peintres de genre ont fait de la laveuse un sujet pittoresque. Natalia, extrait elle aussi la lavandière du champ du domestique pour l’accueillir en poétique. Mais elle va plus loin : la femme accroupie n’est plus le motif, elle est devenue sujet véritable, maîtresse en action.Les papiers colorés, entrent en dialogue avec la collection de peinture de paysage de la seconde moitié du XIX e siècle. Ces lès qui ont bu eau et encre colorée nous rappellent encore les linges blancs des laveuses sur les berges, ils répondent aussi à la quête ultime de Natalia Jaime-Cortez, à la fois peintre et sculptrice : embrasser – prendre dans ses bras – le paysage et venir le déposer ici. » Florence Calame-Levert